Avec cinq victoires françaises (Jimmy Vicaut, Renaud Lavillenie, Yannick Fonsat, Yohann Diniz et Eloyse Lesueur), et les minima olympiques pour Pierre-Ambroise Bosse, l’anneau azur du stadium de Villeneuve d’Ascq a souri, comme souvent, aux athlètes tricolores. Dans une ambiance digne des grands rendez-vous, avec plus de 10 000 spectateurs dans les tribunes.

Chaque année, c’est la même belle histoire. Les Français viennent en nombre à Villeneuve d’Ascq, sont portés par le public nordiste et repartent du stadium avec des souvenirs plein la tête. L’édition 2010 leur avait permis de savourer leur razzia européenne de Barcelone. Celle de 2012 (le meeting 2011 avait été remplacé par les Mondiaux cadets au même endroit) leur aura servi de rampe de lancement à une semaine des championnats de France Elite. Ils ont même été cinq à s’imposer, face à une concurrence souvent relevée. Pour Renaud Lavillenie, ce fut la routine. Une routine qui l’emmène depuis le début de la saison vers les sommets. En difficulté à 5,72 m, une barre franchie au troisième essai, le perchiste a ensuite effacé 5,82 à sa deuxième tentative. Soit la même performance qu’à Oslo, deux jours plus tôt. Invaincu cette saison, le Clermontois est actuellement sur une autre planète.

Sur la ligne droite, Jimmy Vicaut a également laissé une très belle impression. Le jeune sprinteur faisait pourtant la fine bouche quelques minutes après l’arrivée, parlant d’une fin de course « dégueulasse ». Pourtant, vu des tribunes, le finaliste sur 100 m de Daegu a fait la différence dans les quarante derniers mètres, pour s’imposer largement en 10’’15 (+1,1 m). Un indicateur très intéressant, qui montre qu’il a nettement progressé dans ce secteur. Avec un départ à la hauteur de ce qu’il a montré cet hiver en salle, super Jimmy pourrait bien venir titiller Christophe Lemaitre lors de championnats de France qui promettent. Sur 400 m, record personnel pour Yannick Fonsat avec la manière. Le Francilien a en effet pris des risques, en partant très fort. Il a ensuite réussi à résister au retour de Jonathan Borlée, qui est tout sauf le premier venu. En 45’’30, il se rapproche des minima olympiques, fixés à 45’’10.

Big Bosse
Les minima pour Londres, un nouveau Français les a réalisés ce soir. Il s’agit de Pierre-Ambroise Bosse, le grand espoir hexagonal du demi-fond court. A seulement vingt ans, il devrait goûter début août au parfum olympique. Déjà tout près des 1’45’’10 requis lors de ses deux premières sorties, l’athlète de l’UA Gujan-Mestras a su saisir sa chance dans une course assez ventée, remportée par l’Ethiopien Mohammed Aman en 1’44’’32. Passé au 400 m en moins de cinquante secondes, une grande première pour lui, il s’est accroché jusqu’au bout pour couper ligne d’arrivée en 1’44’’97. Et ce n’est sans doute qu’un début. Toujours côté demi-fond, Mahiedine Mekhissi-Benabbad a pris la deuxième place du 3000 m steeple en 8’10’’90, derrière l’intouchable kényan Paul Koech (8’06’’71). Lâché au bout de 1100 mètres, le Français est revenu très fort dans le dernier tour. Un scenario semblable à celui du meeting de Rome. Mais Mahiedine était bien plus satisfait à l’arrivée de sa sortie lilloise, rassuré par d’excellentes sensations. Sur 5000 m, minima européens pour l’épatant Yohan Durand, quatrième en 13’17’’90 et qui pourra prétendre à un podium à Helsinki.

Les deux dernières victoires françaises sont à mettre à l’actif de Yohann Diniz et d’Eloyse Lesueur. Le marcheur a survolé les débats en l’emportant sur 5000 m en 19’11’’29. Un temps à prendre avec des pincettes, puisque le Rémois a considérablement accéléré après un kilomètre de course. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne se ressent plus de la fracture d’une côte qui l’a obligé à lever le pied pendant quelques semaines. Quant à Eloyse, elle a décollé à 6,64 m au troisième essai, lors d’un concours où elle a mordu quatre tentatives. Sa régularité peut laisser espérer une performance de pointe dans les semaines qui viennent. Rendez-vous à Angers, dans une semaine, où ça devrait déménager.

A Villeneuve d’Ascq, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr

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Pierre-Ambroise Bosse : « C’est énorme ! » Deuxième d’une course très relevée, le jeune Pierre-Ambroise Bosse a connu la délivrance des minima olympiques au terme d’une ligne droite difficile. Euphorique, il se projette avec appétit sur les championnats d’Europe. Pierre-Ambroise, 1’44’’97, c’est une bonne nouvelle… C’est une très bonne nouvelle ! Je commençais à avoir la pression. A l’échauffement, il y avait du vent, je me suis dit que ça allait être le même schéma qu’à Montreuil. A ce moment¬-là, je n’y croyais pas forcément. Je n’avais pas du tout de jambes. Mais j’ai suivi le train comme il fallait, et tout s’est bien passé. J’avais la rage aujourd’hui. Vous attendiez-vous à réaliser les minima ce soir ? Aujourd’hui, je sentais que je pouvais faire un chrono. C’était vraiment la compétition par excellence pour ça. Je suis très satisfait et très fier. Si j’avais fait 1’45’’19 (les minima sont à 1’45’’20), le plaisir aurait été moindre. C’est énorme ce qui se passe, vraiment énorme ! Ce qui est aussi important à souligner, c’est que je n’ai pris aucun coup pendant la course. La dernière ligne droite a semblé bien longue… Pas que la dernière ligne droite ! Dès le passage au 400 m en fait. C’est la première fois que je passe sous les 50’’ à mi-parcours, et ça m’a fait très mal ! Mais au 600 m, j’étais bien placé, j’avais confiance. A ce moment-là, je ne pensais plus aux autres, uniquement aux minima. En plus des minima, vous passez sous les 1’45. Cela a-t-il une importance pour vous ? Je considère que j’ai passé un cap. Je sentais que je l’avais passé à l’entraînement. Mais la compétition, c’est évidemment autre chose. Je pense que je suis dans les vingt meilleurs mondiaux désormais avec ce temps. L’an passé, je n’aurais pas pensé en être capable. Irez-vous à Helsinki, et avec quelles ambitions ? En fait, je ne suis pas si bien placé que cela au bilan européen, mais je ne sais pas qui fera l’impasse ou non à Helsinki. Je me suis préparé pour atteindre mon pic de forme à ce moment-là. Une finale là-bas, ce serait déjà bien. Mais moi, je viserai l’or. Après, il y aura forcément de très bons coureurs. Apparemment, Lewandowski sera là. S’il est en forme, il est nécessairement meilleur que moi. J’essaierai de faire un peu de bluff (sourire).

Propos receuillis par Etienne Nappey pour athle.fr

Ils ont dit :

Yohann Diniz, vainqueur du 5000m marche en 19’11’’29 : « J’étais venu juste pour faire un 5000 m, casser la monotonie, mettre un dossard. Sans manquer de respect à mes concurrents, je me suis retrouvé un peu seul. Les J.O sont dans deux mois et deux jours, d’ici là, je vais beaucoup m’entrainer. Je ferai un 10 000 m aux championnats de France et un 5000 m chez moi, à Reims. »

Yannick Fonsat, vainqueur du 400m en 45’’30 : « Battre Jonathan Borlée, c’est de très bon augure. En plus, je bats mon record. Je voulais m’approcher au plus près des minima olympiques, c’est ce que j’ai fait. Avec mon entraîneur Guy Ontanon, nous sommes sur un nouveau schéma de course, avec un départ très rapide pour exploiter ma vitesse de base, qui est ma qualité principale. Depuis deux semaines, ça commence à payer. Je vais continuer à travailler dans ce sens. »

Jimmy Vicaut, vainqueur du 100m en 10’’15 (+1.1 m/s) : « Je suis content, la victoire est une chose importante. Le chrono est bon aussi, même si je trouve que ma fin de course est « dégueu’ » (sic). Je sors bien des blocs, je pousse bien, mais la fin est moins bonne. Je me mettrais 7/10. J’espère être sous les 10’’ aux France, je sens que je les ai dans les jambes. Je n’ai pas encore décidé si je courrai le 100 m ou le 200 m à Helsinki. »

Mahiedine Mekhissi-Benabbad, deuxième du 3000m steeple en 8’10’’90 : « Je savais que ce serait très dur. Pour moi, Paul Koech est le meilleur steepleur de tous les temps, même s’il n’a pas le record du monde. J’ai essayé de m’accrocher, mais j’ai fait l’erreur de laisser partir quand les Kényans ont accéléré aux 1000 m. Je n’ai pas assez cru en moi, parce que je n’ai pas encore assez de courses dans les jambes. Mais j’ai encore deux mois de préparation avant les Jeux Olympiques. »

Renaud Lavillenie, vainqueur du saut à la perche avec 5,82 m : « Je continue ma série de performances. C’est une très bonne répétition avant la suite, même si je suis quelqu’un de très exigeant. Je sais que je peux encore aller plus haut. Je fais des perfs avec la fatigue et des conditions pas idéales. Il ne m’a pas manqué grand-chose à 5,92 m. J’ai pris une perche un peu plus grosse qu’à Oslo. Pourtant, elle était presque trop souple. C’est intéressant même si j’ai senti que je n’avais pas les jambes pour aller plus vite à la fin. Ma saison ressemble pour l’instant à celle de 2010 en mieux. Je n’allais pas aussi haut régulièrement il y a deux ans. »

Yohan Durand, quatrième du 5000 m en 13’17’’90 : « Je venais pour courir en 13’20. Mais j’étais hyper bien aujourd’hui donc je suis parti avec le groupe de tête et je me suis accroché. J’étais encore bien au 3000 m et je finis très fort. Je ramasse trois ou quatre athlètes. Ce chrono concrétise mon 3000 m de cet hiver. Je vais maintenant participer au 5000 m des championnats de France puis aux championnats d’Europe. Je pense que je peux viser un podium. J’essayerai ensuite de trouver un meeting pour réaliser les minima olympiques. »

LES HORAIRES / RESULTATS