Pascal Martinot-Lagarde l’avait annoncé, « le temps sera moche, mais il faudra se battre ! ». Et ça n’a pas raté. Des trombes d’eau se sont abattues sur la piste rémoise peu de temps avant le début des joutes, éteignant ainsi les espoirs de minima olympiques pour les athlètes encore en quête d’un sésame pour l’Angleterre.

Premières en scène pour le concours du marteau, Stéphanie Falzon et Jessica Guehaseim ont passé plus de temps avec un balai ou une serviette dans la main pour rendre le plateau praticable, qu’avec un marteau au bout des bras. La championne de France a quand même assuré un jet à 68,74 m, tandis que la Montreuilloise a dû se contenter de 66,69 m, qui ne l’emmèneront pas à Londres.

A la perche, Marion Buisson et Marion Lotout ont profité d’une accalmie pour franchir 4,10 m au troisième essai, avant de se casser les dents à 4,30 m. Loin de Yarisley Silva et Silke Spiegelburg, qui ont toutes les deux franchi 4,60 m. Malgré des douleurs au dos, Françoise Mbango Etone a de nouveau titillé les 14,30 m synonymes de ticket pour Londres mais n’a pu faire mieux que 14,21 m. Philosophe, elle a déclaré ne plus croire à une qualification pour défendre ses deux titres olympiques.

Chez les garçons, Stéphane Marthely (56,97 m) a dominé Jean-François Aurokiom (56,21 m) et Lolassonn Djouhan (55,84 m) au lancer du disque. Sur un sautoir gorgé d’eau, Abdoulaye Diarra et Fabrice Saint-Jean se sont arrêtés à 2,20 m au saut en hauteur.

Venu effectuer une dernière sortie à domicile dans le cadre de sa préparation olympique, Yohann Diniz a bouclé son 5000m marche en 18’47’’45, ce qui semblait le satisfaire. Dans les autres courses, il n’y a pas eu de miracles. Pascal Martinot-Lagarde a fait trop de fautes, contre lesquelles il a beaucoup pesté, pour espérer mieux qu’un 13’’56 sur les haies hautes. Cédric Lavanne (13’’73) et Samuel Coco-Viloin (13’’84) n’ont pas fait mieux.

Johanna Danois (23’’39) et Nelly Banco (23’’66) ont fait acte de courage sur le demi-tour de piste, mais savaient avant le départ qu’il n’y avait que très peu de place pour l’espoir. Sur 800m, Elodie Guégan (2’01’’74) et Clarisse Moh (2’02’’29) se sont montrées à leur meilleur niveau de la saison, insuffisant toutefois pour titiller les meilleures, et pour espérer prendre l’Eurostar.

Même constat pour Ronald Pognon sur 100m (10’’42), qui n’a pas pu bénéficier de l’aspiration de l'Américain Mickaël Rodgers, chronométré en 10’’18. Hamid Oualich a lui payé un placement hasardeux lors de la première partie de son 800 m, et son effort terminal n’a pas suffi pour faire mieux qu’1’46’’56. Sur la distance supérieure, Grégory Beugnet (3’36’’64) et Yoann Kowal (3’36’’87) ont essayé de se mêler à la lutte avec les Africains avec de bons temps à l'arrivée. Idem pour Christine Bardelle sur un 5000 m qu’elle a terminé en 15’34’’11. Enfin, la densité des Français sur 400m haies a donné lieu à une belle empoignade, mais ni Ludovic Dubois (50’’18), ni Naman Keita (50’’34) n’ont pu casser la barre des cinquante secondes.

A Reims, Etienne Nappey pour Lna.athle.com

Ils ont dit :

Johanna Danois : « C’est décevant. Les couloirs étaient pleins d’eau, ça ralentit. Ce ne sont vraiment pas des conditions pour faire des minima ! On aurait peut-être dû rester se reposer tranquillement. On est venues avec la fatigue d’Helsinki. Je ne sais pas si je vais recourir d’ici vendredi. Je suis frustrée, mais je garde le sourire ! »

Stéphanie Falzon : « Je fais 4 ou 5 jets à 68 m, c’est régulier mais j’aurais voulu faire plus. Jusqu’au quatrième essai, on était sous des trombes d’eau. C’est dommage car à Reims, le plateau est vraiment bon. Je travaille, je cherche, il me reste un mois. Je vais rentrer un peu chez moi avant de partir en stage, ça va me faire du bien. »

Yohann Diniz : « J’ai fait un 2000 m tranquille puis j’ai accéléré très fort pour faire le trou avec mes adversaires. Il fallait que je sois en forme, parce que derrière, Kevin Campion fait une belle perf’, et bat son record. J’étais venu pour faire plaisir à tout le monde qui était venu me voir ce soir. On ne peut pas tirer d’enseignement d’une telle course, parce que le 5000 m a peu à voir avec le 50km. Mais ça peut me servir pour finir une course plus longue. »

Pascal Martinot-Lagarde : « Les conditions n’étaient pas géniales, mais je n’aime pas les excuses. Il fallait que je gagne mon chrono. Je tremble dans les blocks sur le premier départ, et du coup je sécurise le deuxième départ. J’ai réussi à faire le travail au milieu, je suis revenu, mais je tape vers la fin et je perds du rythme. Je cours vraiment mal. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. J’en ai marre de courir après les minima alors que je sens que je les ai dans les jambes ! »

Hamid Oualich : « Je ne suis pas très au contact au début. En se mettant dans le paquet, on reçoit toute l’eau derrière. C’était une course de guerriers. Je finis bien, mais ça ne passe pas encore une fois. Je sens encore le voyage de retour d’Helsinki dans les jambes. Je ne suis pas rentré chez moi depuis, j’ai essayé avec la forme du jour, mais malheureusement ça ne passe pas pour Londres. Je veux bien récupérer et essayer une dernière fois de me qualifier. »

Françoise Mbango Etone : « J’ai enchaîné les compétitions, et ça fait perdre du jus. Le public était super, et sur le dernier essai, je savais que je ne pouvais pas faire grand-chose, mais je voulais leur donner un moment de chaleur sous cette pluie. On n’est pas là que pour faire une compétition, c’est intéressant de faire corps avec le public. Je sais que je ne suis plus aussi jeune qu’avant, mais je ne me décourage pas pour autant. Le triple saut, c’est ce que j’aime, sauter c’est toujours un plaisir ! Londres, pour moi, c’est entre parenthèses. »

LES HORAIRES / RESULTATS